Auteurs:
Félicia Bielser | Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV), HES-SO | Switzerland
Léonore Cabin | Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV), HES-SO | Switzerland
Céline Schnegg | Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV), HES-SO | Switzerland
Séverine Rey | Haute Ecole de Santé Vaud (HESAV), HES-SO | Switzerland
Introduction
Dans le domaine de la santé, la simulation est une approche pédagogique toujours plus intégrée aux formations initiales et continues: elle permettrait de former les soignants de manière ciblée, fiable et sécurisée, et de respecter l’injonction éthique à ne jamais exercer un geste pour la première fois sur un patient (HAS, 2012). La simulation immersive, avec mannequins ou patients simulés, a pour objectif de reconstruire une situation aussi fidèle que possible à l’activité clinique afin d’accroître le réalisme de l’expérience de simulation auprès des apprenants (INACSL, 2016; Lioce, 2020). Comment le réalisme est-il mis en pratique et éprouvé durant la simulation?
Méthodologie
Les données sont issues de deux recherches menées dans une Haute école de santé de Suisse romande: une ethnographie de séances de simulation immersive et l’observation du processus d’implémentation d’un programme d’enseignement par simulation.
Résultats
La simulation, en particulier avec des mannequins hautement technologiques, nécessite de nombreux ajustements de la part des facilitateurs pour assurer le réalisme de la situation auprès des participants. Lors du briefing, les facilitateurs exposent aux participants certaines limites du dispositif susceptibles de mettre à mal le réalisme de l’expérience simulée et de faire échouer l’exercice. Durant l’expérience de simulation, alors que les participants décodent les signes donnés par le mannequin, les formateurs compensent ses limites techniques et donnent aux participants des indications qui ne leur sont pas accessibles dans leur environnement direct. Enfin, lors du débriefing, l’authenticité ou, au contraire, le manque de réalisme de l’expérience de simulation est débattu.
Discussion
Notre contribution interroge la manière dont le réalisme est éprouvé, mis en pratique et discuté lors des exercices de simulation. La simulation immersive est présentée comme un outil pédagogique qui permettrait d’être «au plus proche de la réalité clinique», que ce soit par le dispositif qu’elle déploie, que par la perception d’authenticité qu’elle génère chez les apprenants (Jaffrelot & Pelaccia, 2016; Dieckmann et al., 2007; Tun et al., 2015). Nos résultats montrent que le réalisme est négocié en amont, durant et suite à l’expérience de simulation, laquelle est traversée à chacune de ses étapes par une série d’épreuves techniques, pratiques et ontologiques qui forcent les acteurs de la simulation à thématiser la question du réalisme.